La crise du logement s'étend : après la construction neuve, aussi la rénovation en difficulté maintenant
Durant le premier semestre de cette année, le nombre de permis octroyés pour des rénovations de logements a baissé de 4 % dans notre pays, d’après une analyse d’Embuild. Ce type de rénovations a également connu des baisses durant les deux dernières années. « Pourtant, nous devons rénover notre parc de logements vétuste de toute urgence pour le préparer pour l’avenir », explique Niko Demeester, CEO d’Embuild. « Raison pour laquelle il serait contre-productif d’augmenter la TVA sur les rénovations de 6 % à 9 %. »
Dans notre pays, trois logements sur quatre ont plus de 45 ans : au total, il s’agit de 4,3 millions de logements qui ont été construits lorsque les normes énergétiques n’existaient pas. Pour obtenir des logements neutres en carbone d’ici 2050, la vitesse de rénovation doit augmenter fortement ces prochaines années : elle doit tripler en Flandre, et quadrupler à Bruxelles et en Wallonie. Concrètement, il faudrait rénover au moins 471 logements par jour en Belgique, au lieu des 144 à peine aujourd’hui.
Malheureusement, les derniers chiffres de Statbel montrent le contraire. Le nombre de permis octroyés pour des rénovations diminue continuellement depuis 2022 au lieu d’augmenter. Y compris durant le premier semestre 2024, celui-ci a baissé de 4 %. Un certain nombre de rénovations énergétiques (comme l’isolation des murs, l’installation de panneaux solaires...) peut être exécuté sans permis, mais pour parvenir à un logement neutre en énergie, il faut rénover en profondeur et donc disposer d’un permis.
Les entreprises de construction et d’installation, actives dans la rénovation de logements, voient également leur activité baisser fortement depuis 2023. En 2022, l’activité augmentait encore de 4,3 %, mais depuis cette augmentation est devenue nettement moins importante en 2023 (+1,2 %) et en 2024 (+1,6 %). Et la situation restera difficile pour cette branche de la construction en 2025 (+1 %). « Tout comme pour les nouveaux logements, la forte hausse des taux hypothécaires a impacté les rénovateurs potentiels », explique Niko Demeester, Administrateur délégué d’Embuild. « Entre-temps, les taux ont heureusement de nouveau baissé, et continueront probablement à diminuer ces prochains mois. Ce handicap est donc derrière nous en partie. »
Pour que cette gigantesque opération de rénovation reste abordable, la fédération de la construction demande une politique stimulante. Voilà pourquoi il est important de maintenir la TVA sur les rénovations à 6 %. Une augmentation de la TVA à 9 %, une piste qui se trouve actuellement sur la table des négociations pour le prochain gouvernement fédéral, augmenterait en effet le coût de la facture de rénovation pour le consommateur de 3000 à 4500 euros, et ralentirait donc ces rénovations nécessaires, alors que c’est l’inverse qui devrait se produire. « C’est donc vraiment contre-productif », insiste Niko Demeester. « En outre, une augmentation de la TVA sur les rénovations risque d’augmenter de nouveau le travail au noir, ce qui n’est pas souhaitable et très néfaste pour le budget de l’état. » Dans certains cas, la démolition-reconstruction d'une maison vétuste est préférable à la rénovation pour obtenir de manière rentable des maisons économes en énergie. Ainsi, Embuild demande également à ce que les projets de vente de démolitions-reconstructions puissent aussi bénéficier de la TVA à 6 %. Cela est également important afin d'augmenter le nombre de logements pour pouvoir répondre à la croissance de la population.